Le Cloud Souverain Francais ?

Beaucoup de débats ont accompagné le lancement fin 2012 des 2 acteurs français soutenus par l’état pour faire face à la concurrence internationale du Cloud computing : Numergy et CloudWatt.
Sur son site, Jean-Michel Billaut introduit à sa façon CloudWatt et son président Patrick Stark.

On peut également trouver un commentaire de Patrick Stark ici.

Il s’agit d’une réaction à un article dans lequel des consultants du cabinet Kurt Salmon analysent le modèle économique du projet gouvernemental.

De son coté, Numergy présente également son offre, d’ailleurs lancée la première, par la voix de son président, Philippe Tavernier.

Pendant que les offres démarrent, qu’elles s’enrichissent de services de base comme la synchronisation de fichiers, les débats aussi se lancent sur l’opportunité de leur financement public.

Dans cet article, la question est posée sur l’influence de cette politique publique sur l’ensemble des acteurs nationaux déjà sur le marché.

Il reste à prendre en considération également la part des acteurs internationaux bien implantés en Europe et en France comme IBM ou Microsoft et avec lesquels il faut compter.

Tenant compte de tout cela faut-il conclure que c’était une erreur ?

La réponse n’est pas aussi simple.

On peut constater que le marché français est en retard. Et comme on le sait il est aussi très atypique. Il est constitué d’une part de très grands groupes publics ou privés et d’autre part de toutes petites entreprises avec peu de moyens.

Les grands groupes publics, qui disposent malgré tout de moyens quelques soient les cycles économiques, sont en contrepartie frileux et centrés sur d’innombrables contraintes règlementaires et de sécurité (imagine-t-on la moindre donnée de la Sécurité Sociale ou du Pôle Emploi sur un site étranger ?). Ces groupes pourraient constituer le marché du “cloud souverain”, mais le plan de marché présenté jusqu’à présent identifie d’abord une cible PME !

Les grands groupes privés sont dépendants de la conjoncture économique. Ceux qui sont en croissance seront les plus sensibles aux innovations leur permettant de gagner de l’efficacité. Ils constituent le cœur du marché. Mais leurs contraintes sont-elle suffisantes pour les pousser uniquement vers les acteurs français ?

Les PME sont également très ouvertes aux solutions innovantes. Leur critère déterminant sera le rapport qualité/prix. De nombreuses start-up fonctionnent pendant le plus longtemps possible avec des services gratuits, une nouveauté rendue possible depuis 2000 avec les services “freemium”. Les champions du cloud français, soutenus par l’état, sauront-ils être assez souples pour rester concurrentiels ?

De nombreuses voix craignent la même issue que le “plan calcul”.

En réalité, il y a un marché pour le “cloud public” mais on n’a pas l’impression que l’effort de coordination ait été identifié. Cet effort est gigantesque. Prenons un simple exemple : la carte Vitale et le dossier patient. Quel délai a-t-il fallu pour généraliser la première version de la carte ? Combien d’année encore avant la généralisation de la 2e version ? Y a-t-il une perspective de disposer de données personnelles quelque part ? Une architecture “cloud” pourrait y répondre. L’hébergement des données, sécurisé, ne pourrait avoir lieu qu’en France. Quelle serait la perspective de réalisation d’un tel projet : 5, 10, 20 ans ?

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