iPad tablet eBook … : la chaine numerique se complete

Les bonnes nouvelles s’accumulent en ce début d’année pour ce marché nouveau de la “tablette”, objet qui vient compléter la chaîne numérique : 5.000.000 de “eReaders” seraient en circulation fin 2009 avec des prévisions de croissance exponentielle. L’entrée en piste d’Apple qui va sans doute structurer le marché, complété par de nombreuses autres annonces au CES et ailleurs, dont certaines venant des constructeurs français.

Depuis l’apparition de l’ordinateur il y a plus de 40 ans, le “dispositif de lecture” a toujours été le parent pauvre de l’innovation technologique, ce qui a eu pour effet de nous réduire à l’usage de l’écran (malgré ses défauts) et surtout à la consommation croissante de papier dans un monde de plus en plus numérique.

Ceci n’est pas une contradiction : l’information disponible ayant explosé, le moins qu’on puisse faire est de la lire, d’ou l’usage croissant du papier tant qu’une meilleure solution n’est pas proposée. Le papier reste donc le support n° 1 pour les livres et les journaux. Cependant, on fait également le constat général que l’appétit de lecture est en diminution. Pour les autres média (photo, vidéo) la lecture se fait bien entendu sur des supports adaptés. Un exemple intéressant est la photo qui a maintenant entièrement migré vers le numérique. La consultation a également en grande partie migré vers des supports électroniques, laissant une part de plus en plus faible aux traditionnels tirages papier. A tel point qu’on peut même craindre la perte des informations sur des périodes longues (il n’y aura plus les boîtes de photos dans le grenier des grand parents).

L’ordinateur s’est donc concentré pendant plus de 40 ans sur son aspect le plus industriel : l’entrée des données, puis avec son entrée dans la famille sur le coté interactif – jeux, vidéo. La lecture, la consultation, le partage sont restés des activités peu accessibles sur écran et qui imposent l’impression.

Ceci représente un triple enjeu :

  1. Un besoin insatisfait, créant la frustration de l’utilisateur
  2. Un problème écologique, l’impression étant sans doute l’activité la plus polluante liée à l’informatique personnelle
  3. La rupture de la chaîne numérique, introduite par le papier, initialement pour consulter, se poursuit pour corriger, compléter, écrire, et induit en fait des millions d’heures de travail de ressaisie de documents déjà numériques

Pour ces trois raisons, la recherche d’une solution permettant de compléter la chaîne numérique est beaucoup plus importante que l’aspect “gadget” qu’on peut voir dans une tablette.

L’entrée dans l’arène d’Apple représente donc un réel espoir pour le marché. Le travail de précurseur qui a été fait par Amazon, Sony et les autres a déjà permis le développement d’un marché de niche pour la lecture de livres. L’histoire de l’iPhone nous enseigne cependant plusieurs principes qui restent valables sur le nouveau marché en perspective :

  • Apple se lance à l’attaque d’un marché après une étude d’opportunité approfondie de l’écosystème, et son poids aujourd’hui lui permet de peser pour influencer les autres acteurs. Il l’a fait dans un premier temps avec iTunes en négociant les droits pour la musique et la vidéo. Il a également révolutionné la tarification des forfaits internet mobiles dans le monde ce qui a permis un développement sans précédent du trafic.
  • La bataille aura lieu entre acteurs forts et dynamiques (Apple, Google, Amazon, Microsoft, Hp). Elle promet d’être vive et donc bénéfique aux utilisateurs. C’est une bonne base pour le développement d’un marché.
  • La même concurrence est bénéfique au niveau des applications et des contenus. La domination de l’iPhone aujourd’hui (y compris face à l’iPod) vient de cette richesse. Apple a aussi revu sa politique de DRM sur les contenus pour permettre un usage plus souple des appareils. Il faut juste noter qu’avant Apple ouvre officiellement son AppStore, un marché des applications non officielles avait déjà vu le jour montrant l’appétit des développeurs pour cet environnement.
  • La facilité de communication et l’ouverture permettent d’intégrer une large gamme d’utilisateurs sans exclure les technophiles. Une des erreurs d’Amazon a sans doute été de compliquer la tâche de ceux qui souhaitent lire leurs propres documents sur le Kindle.
  • Enfin la synchronisation des documents entre appareils devient un vrai casse-tête. Après le PC de bureau, le PC portable, le Smartphone, voici l’iPad. Tous ces appareils doivent partages certains documents. Ce qui a été mis à jour quelque part doit être visible ailleurs. Aucune des solutions disponibles aujourd’hui ne répond clairement à ce critère de simplicité. Une solutions à trouver donc !

Si le marché se développe suivant les prévisions, si l’innovation se poursuit, notre vie pourrait imperceptiblement se transformer. Même si nous nous sommes adaptés à l’usage de l’ordinateur avec son écran, le bon vieux cahier avec son crayon nous semblent encore bien plus naturels. Tout ce qui s’en rapproche nous simplifiera la vie. Et nous accepterons plus facilement de renoncer au papier.

Il ne nous manquera plus que la capacité de feuilleter les 200 pages d’un cahier pour revenir au premier jour !

Comments are closed.